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Le monde illustré du 13 juillet 1901
14 pages d'époque dans son intégralité


Numéro spécial de « Le monde Illustré » 2311 du 13 juillet 1901


LA CARTE POSTALE


Les différents thèmes traités dans les 16 pages
- UN POUVOIR CONQUERANT.
- QUELQUES CHIFFRES CURIEUX.
- ENCORE LA Tour EIFFEL.
- LA GALANTERIE FRANÇAISE COMPROMISE.
- LA PRESSE CARTOPHILE.
- LES COLLECTIONNEURS.
- LA POSTE, VOILA L'ENNEMI !
- AYEZ DE LA METHODE. (1).
- L'AMOUR ET LE DESTIN.
- VOYAGE EN FRANCE ET AILLEURS.
- LA CARTE QUI FAIT LE TOUR DU MONDE.
- LA POSTE DANS TOUS LES PAYS.
- L'ETHNOGRAPHIE PAR L'IMAGE POSTALE.
- PLACE A L'HISTOIRE !
- LA MODESTIE ALLEMANDE.
- JEANNE D'ARC, LA REVOLUTION, NAPOLEON.
- LES RÊVES ET LES REALITES QUI OCCUPENT LES PEUPLES.
- LE MUSEE DES SOUVERAINS.
- LE ROI DES ROIS DE LA CARTE POSTALE.
- ACTUALITES DIVERSES.
- LES GRANDS HOMMES A RECLAME.
- LA GUERRE DU TRANSVAAL.
- LA SATIRE POLITIQUE.
- LES FANTAISIES.
- LES THEATRES.
- CONCLUSION.


Le numéro comporte 16 pages de la page 21 à la page 36. La page de garde 21 est une illustration de A de Parys, les pages centrales 28-29 représentent uniquement des cartes postales, les pages 35-36 sont des publicités diverses.

Illustrations de la page 22: L’Amour à travers les âges 8 cartes

Par milliers et par milliers, chaque jour, partout sur la terre, des petits bouts de cartons de toutes les couleurs. imprimés et rédigés dans toutes les langues, timbrés de toutes les façons, emplissent les boîtes, les sacoches, les sacs des facteurs de tous les pays, en débordent, s'en échappent et pénètrent dans toutes les demeures. Le Pape en reçoit dans son Vatican et aussi l'Esquimau dans sa hutte !

Ces petits bouts de carton souple sont la pensée ailée, l'idée que le vent sème. Ils sont excellemment. l'IMAGE, c'est-à-dire l'éveilleuse de curiosité, l'ensorceleuse muette qui sait tout exprimer, tout suggérer par la ligne et la couleur. Ils sont quelque chose d'inouï, de colossal que l'on trouve de répandu dans le monde entier.

Montez au Righi ou simplement au sommet de la tour Eiffel, descendez dans le gouffre de Padirac, ou affrontez la chute du Niagara, poussez jusqu'à Tokio ou n'allez pas plus loin que Versailles, vous trouverez, séduisante, envahissante et bon marché, la nouvelle puissance du siècle: la carte postale illustrée. Et vous en achèterez: on n'y résiste pas.

The Picture Postcard Magazine, le plus considérable des organes cartophiles, assure que les jeunes mariés en emportent pour leur voyage de noces et, d'étape en étape, font part ainsi de leurs impressions.

L'homme grave, en cours de route pour ses affaires, n'hésite pas, en entrant dans un bureau de tabac à allumer son cigare, à remplir ses poches de cartes postales illustrées. Il choisit des monuments et des types de la région qu'il traverse. La collection amusera sa femme et instruira ses enfants.
A l'homme qui n'est pas grave, ou qui peut cesser de l'être, le marchand propose des cartes légères, celles où le nu se présente sous le fallacieux manteau de l'art.

Etes-vous un ennemi du gouvernement établi, un partisan des boers, un admirateur du roi de Prusse, un homme épris de la littérature et de ses gloires ? Voici par centaines et par centaines des cartes satiriques, politiques, des cartes terribles aux Anglais, des cartes royales allemandes, des cartes littéraires couvertes de grands hommes féconds en autographes flamboyants.

Rien n'est étranger à la carte postale illustrée tout les domaines sont les siens: Actualité, Histoire, Géographie, Politique. Beaux-Arts. Lettres, Sciences. etc..etc... Elle touche à toutes les choses et à quelques autres encore ! Son universalité triomphante, son intérêt documentaire, son importance dans l'actualité graphique, nous ont paru devoir mériter l'attention du public.

Le Monde Illustré a pensé qu'il serait agréable à ses lecteurs de trouver dans un numéro exceptionnel la synthèse inédite — l'idée qui est réalisée ici aujourd'hui ne l'a été nulle autre part d'une question nouvelle et qui, de quelque côté qu'on l'envisage, est intéressante pour tout le monde, petits et grands, jeunes et vieux; elle a le charme de l'art, l'attrait de la vie, la curiosité de la chose du moment.

A ce numéro est joint un supplément hors texte en couleurs de douze cartes postales illustrées, gracieusement offertes par le Monde Illustré à ses abonnés et acheteurs. Tiré sur carton souple, facile à découper, ce supplément est composé de douze aquarelles remarquables de Giacomelli. Ces aquarelles sur carte postale forment une série unique et inédite, d'une réelle valeur artistique et commerciale. Elles sont d'une délicatesse de composition qui sera surtout appréciée sans doute par les lectrices du Monde Illustré à qui ces cartes postales sont, du reste, par leur caractère même, spécialement destinées.

Illustrations de la page 23

-La Femme et la Fleur par Mucha (profil)
-Photo de Miss Belle Ward Campbell, directrice de la gazette cartophile
-Le sphinx, d'après Vignola (8eme tableau Cléopâtre, 15eme tableau la Fin du Monde
-La Femme et la Fleur par Mucha (face)
-L'amour maternel par Mucha
-L'amour filial par Mucha


On comptait autrefois, trois pouvoirs principaux : la Noblesse, le Peuple et le Clergé.
La Révolution a changé tout cela. Nous n'avons plus que deux pouvoirs à redouter : la Finance et la Presse.
Il en est ainsi dans l'Europe entière, en Amérique, en Australie et ailleurs, autant dire partout. Mais que la Finance et la Presse se tiennent bien : un troisième soleil se lève : la Carte Postale Illustrée est tout simplement en train de conquérir le monde. Elle marche à pas de géant ; depuis douze ans à peine elle a commencé à faire parler d'elle et voyez déjà où elle en est. Alexandre, Annibal, César, Bonaparte et Lord Kitchener lui-même n'ont jamais été plus rapides, plus foudroyants dans leurs conquêtes.

Sa venue fut annoncée comme il est d'usage pour les prodiges. Je ne dirai pas qu'il y eût des signes dans le ciel et qu'il en est parlé dans la Bible, et que la colombe de l'Arche apporta à Noé une carte postale illustrée, mais j'atteste qu'il y a cent ans et plus, des hôteliers italiens avaient eu l'idée de faire reproduire sur les cartes destinées à la correspondance les vignettes dont ils ornaient leurs menus ; j'affirme qu'en 1855 on vit à Bâle une première carte illustrée dans le sens propre du mot. C'était une petite gravure sur pierre qui n'eût pas de lendemain. La carte-correspondance n'existait pas encore officiellement. Elle ne date que de 1870 et c'est l'Allemagne qui a eu l'honneur de lui donner le jour. La carte postale française est seulement de 1872.

A cette date l'Allemagne essayait déjà de lancer des cartes illustrées.
Elle n'y a réussi que depuis douze ans. Mais c'est elle qui a pris la tête et qui la garde.

De 1889 à ce jour, le nombre de cartes postales illustrées envoyées par la poste allemande augmente d'environ douze millions par an.

Le nombre global des cartes mises en circulation dans l'espace d'une année atteint à présent, s'il faut en croire les spécialistes, le chiffre imposant de deux milliards trois cent soixante millions, et se décompose comme il suit :

                        Habitants         Cartes

Europe             367.000.000    1.400.000.000
Amérique         126.000.000    526.000.000
Asie                 810.000.000    374.000.000
Océanie           48.000.000      43.000.000
Afrique            200.000.000    16.000.000
                       

(1) La propriété artistique des cartes postales reproduites dans ce numéro appartient aux éditeurs ou aux artistes nommés ci-après et que le Monde Illustré est heureux de citer tous, sauf oubli involontaire, eu mentionnant spécialement le très vif intérêt et le réelmérite de la plupart de leurs séries: MM. Bisson, Bergeret, Jean Bernard, Boon, Bruckner, Bayer, Bruno Bürger, Camis, Giacomo Gussoni, Groger, Guillaume, Hachette et Cie,

Hildebrandt, Hurlin, Heuer, Iungurger. Lhoste, Krotoschin, Kossuth, Liwingston, Max Marcus, Niemeyer Nachf, Roger Richter, Strauss, Simons, Schaller, Salis, Seiffert Nachf, Rafaël Tuck, Treukler, Viabucher, Vogel, Wolf, Waron, Wreach.


Illustrations de page 24. Le beau pays de France, coins de France, dAngleterre et d’Allemagne

Voici, par pays, pour l'Europe, la France mise à part, les nombres connus de cartes postales illustrées expédiées annuellement et le bénéfice que les différents Etats en retirent :
Allemagne. — Sur une population de 50,000,000 d'habitants, il est expédié 88,000,000 de cartes, rapportant à l'Etat 6,000,000 de marks pour affranchissement.
Angleterre. — Habitants 38,500,000, cartes expédiées 14,000,000, affranchissement 1,000,0)0 de schillings.
Autriche-Hongrie. — Habitants 43,600,000, cartes expédiées 31,000,000, affranchissement 1,050,000 kronen.
Belgique. — Habitants 6,200,000, cartes expédiées 12,000,000, affranchissement 850,000 francs.
Espagne. — Habitants 17,600,000, cartes expédiées 4,000,000, affranchissement 300.000 pesetas.
Hollande. — Habitants 4,670,000, cartes expédiées 9,000,000, affranchissement 650,000 florins.
Italie. — Habitants 30,550,000, cartes expédiées 27.000.000, affranchissement 2,700,000 lire.
Russie. — Habitants 100,000,000, cartes expédiées 12,000,000, affranchissement 900,000 roubles.
Suède et Norvège. — Habitants 6,800,000, cartes expédiées 8,000,000, affranchissement 600,000 kronen.
Suisse. -- Habitants 3,000,000, cartes expédiées 22,000,000, affranchissement 1,950,000 francs.
Turquie. — Habitants 5,800,000, cartes expédiées 2,000,000, affranchissement 800,000 piastres.

Pour sa part, la France expédie 8 millions de cartes postales illustrées, rapportant à l'administration des Postes 800,000 francs.

L'édition française, au dire du plus autorisé des collectionneurs et propagateurs de cartes postales illustrées, M. le docteur A. Hembo, à qui l'on doit les chiffres mentionnés ci-dessus, l'édition française fournit un peu plus de la moitié des cartes en circulation en France, le reste provient de l'étranger, qui en fait une consommation beaucoup plus importante ainsi que le démontre l'énumération qui précède. Si la France arrive relativement presque en dernier, c'est que l'affranchissement étant plus élevé chez nous que chez nos voisins, l'amateur achète et envoie moins de cartes. Enfin, on le sait, nous ne sommes pas partis les premiers. La lumière qui venait de l'Est n'a frappé les yeux de la France qu'en 1889. Elle s'est décidée alors à entrer clans la voie tracée par l'Allemagne et la première image sur carton postal français est sortie des presses. Elle représentait la neuvième merveille du monde métallurgique, l'exaspérant et immortel chef-d'oeuvre de la ferronnerie industrielle : la Tour Eiffel, puisqu'il faut l'appeler par son nom.


Illustrations de la page 25 :
Les Cartes postales du Tour du Monde et la série des Cartes de la poste dans tous les pays ainsi que 3 cartes représentant les raisins du midi

Ce fut l'étincelle qui met le feu au tonneau de poudre. Dès lors, chaque jour vit naître en France une carte postale illustrée. Il y en a aujourd'hui une quantité effroyable, et plus des trois quarts font honneur au goût et à l'esprit français.

En général, elles sont simples et décentes. Les cartes à chamarrures viennent surtout d'Allemagne et celles qui font rougir n'ont, quatre-vingt fois sur cent, de français que le nom.

C'est une habitude chère aux industriels de Suisse, de Belgique ou d'Allemagne, pays qui ont, comme nul ne l'ignore, le monopole de la vertu, de présenter et de vendre des cartes plutôt roides comme des spécialités françaises.

II ne faut pas s'en indigner. C'est un hommage indirect rendu à notre réputation de galanterie. Il convient d'excuser des étrangers de se tromper en une matière aussi délicate et de croire que la galanterie française est semblable à la galanterie allemande, belge ou suisse. Ils ne distinguent pas entre l'art et l'industrie ; ce sont des industriels ; pourquoi s'étonner ?

La carte postale légère a subi en France les assauts de M. le sénateur Bérenger. Elle a été, durant un temps, traquée aux devantures et vitrines et frappée du glaive de la loi. Puis, tout s'est arrangé, moyennant quelques concessions de part et d'autre.

Nous n'avons pas songé à publier dans ce numéro des spécimens de ce genre de cartes. La direction de ce journal ne l'aurait pas permis. Le Monde Illustré est trop français assurément, pour être ennemi, le cas échéant de la saine gaieté, mais ce n'est pas son affaire de donner place aux grivoiseries.

Aussi bien faut-il dire que, si l'on range les cartes postales par ordre d'importance de vente, celles qui peuvent offenser de légitimes susceptibilités n'ont droit qu'à la dernière et à la moindre place dans un numéro comme celui-ci dont les illustrations ont une importance proportionnelle à la vogue des sujets qu'elles synthétisent.

Les amateurs cartophiles, collectionneurs de légèretés sont excessivement rares. Les échanges entre eux portent plutôt sur des sujets d'actualités, des sujets militaires, des séries de monuments, de paysages, etc.

Plusieurs sociétés existent en Europe, formées dans le but d'échanger des cartes postales illustrées. L'une d'entre elles, qui a son siège à Eger, en Bohême, compte 1,300 membres ; ils s'astreignent à ne correspondre que par cartes postales et à se documenter réciproquement avec un zèle soutenu.

Nous n'avons pas en France de groupement aussi imposant, mais nous avons une association philatéliste dont une section s'occupe spécialement des cartes postales. Il existe enfin une association internationale des collectionneurs cartophiles. Elle a son siège à Vienne et publie mensuellement un journal en français, allemand, anglais.

La presse cartophile n'est pas sans abonnés ni sans orages. Elle ne connaît pas les luttes, les batailles de la grande presse, mais, le cas échéant, on s'y querelle tout de même sur des points spéciaux. La question de l'origine des cartes illustrées à fait couler des flots d'encre bouillonnants, et deux ou trois expositions, notamment celle du journal La Plume, ont, à certain moment, échauffé les cerveaux. Les mauvais jours n'ont point duré. On se calme vite dans ce monde de sages, et les dures paroles y seraient bien rares si l'administration des Postes ne semblait prendre un malin plaisir à troubler le bonheur innocent des cartophiles. A les en croire, elle semble avoir résolu de les pousser aux plus redoutables extrémités. Mais nous reviendrons là-dessus tout à l'heure.


Illustrations page 26 : Quelques types de France et d’ailleurs
Jeanne d’Arc et ses bons compagnons
Personnages de la Révolution

Les deux principaux organes français, qui se consacrent à la croisade postale et voient tout simplement, dans le petit bout de carton illustré que le facteur apporte, un moyen de rapprochement des races et d'unification du genre humain, sont Le Cartophile et La Gazette Cartophile.


Le Cartophile appartient à un éditeur qui est une physionomie parisienne bien connue, Strauss, le plus important des marchands de journaux du Croissant et le plus obligeant et le plus avisé des hommes. Il est le principal propagateur de la carte illustrée en France, et les séries qu'il édite méritent leur habituelle réussite. Elles sont heureusement inspirées et présentées.

La Gazette Cartophile a ceci de séduisant, qu'elle est dirigée par une jeune anglaise, miss Belle Ward Campbell, d'ailleurs née à Paris et aussi française que peut l'être une anglaise qui n'a jamais quitté la France.

Miss Campbell est un apôtre, elle a fondé le Club international des collectionneuses de cartes postales illustrées, — Ah ! direz-vous, si les dames s'en mêlent... ! — groupement français le plus important après le club créé à Nancy par le docteur Goury, encore un passionné de la petite image universelle.

Nous devons un grand nombre des cartes de ce numéro à miss Campbell, à M. Strauss et à divers collectionneurs parmi lesquels il faut particulièrement citer M. Baguenier-Desormeaux, le type accompli du chercheur infatigable, qui trouve et classe avec méthode des documents intéressants, et en disserte avec autant de bonne grâce que d'esprit et de variété de vues.

On ne saurait croire combien la carte postale illustrée occupe de gens distingués et quelle infinité d'observations multiples et savoureuses leur procure le plaisir de collectionner.

Ce plaisir ne va pas évidemment sans amertume et sans déboires, et c'est là  qu'il faut mentionner ce cauchemar des collectionneurs français : l'administration des Postes. Trop souvent, par suite du zèle intempestif d'employés maladroits ou grincheux, elle met les cartophiles à la torture par des chinoiseries d'affranchissement, de surtaxe ou d'oblitérations malencontreuses.

Grâce au bien intentionné M. Mougeot, les rapports sont à présent un peu moins tendus entre collectionneurs et postiers, mais durant un temps, ce fut terrible. Le paisible Cartophile et l'innocente Gazette fulminaient dans chacun de leurs numéros et demandaient la tête des receveurs de la moitié des bureaux de France.

Le collectionneur s'irrite facilement ; la carte postale qu'il attend, qu'il reçoit, et qu'un lourdaud a maculée d'une empreinte barbare est un objet d'art détérioré. Quand cette merveille n'est pas salie par une encre grasse, elle est pliée, fendue, déchirée. Quelle déception ! Une place d'honneur était toute prête dans l'album pour le document attendu et, crac ! on reçoit une loque, un chiffon. Ah ! si le bienveillant M. Mougeot était en cet instant même à la portée du collectionneur, il passerait un vilain moment...

Mais ne plaignez pas trop l'amateur de cartes postales illustrées. Justement l'incertitude où il est de savoir si la curiosité espérée va, lui arriver en bon ou en mauvais état est un attrait de plus. Oui, c'est le petit frisson d'angoisse que donne l'inconnu.

Si le coeur vous dit de collectionner des cartes illustrées, sachez que, s'il faut en croire La Gazette cartophile, « la méthode est la première loi du collectionneur. Ce n'est pas, au reste, une loi bien rigoureuse.

Elle varie au gré de chacun, suivant le goût qui l'inspire ou le but qu'on poursuit. Au premier abord, c'est pour suivre la mode ou par simple caprice qu'on collectionne ; au bout d'un peu de temps, on s'aperçoit qu'il y a des plaisirs ignorés dans la vie du collectionneur :

Plaisirs d'art, de science, de curiosité, d'instruction ou de documentation, suivant le point de départ qu'on a choisi. L'important est de trouver un point de départ, et de ne pas courir toutes les sensations à la fois, — ce qui serait le meilleur moyen de n'aboutir qu'au fatras et au désordre.


Illustrations de la page 27 : l'épopée napoléonienne : Le Tambour de Wagram.

Donc, avant tout, choisir le genre qu'on adoptera. Les variétés sont innombrables. Avant de commencer à collectionner, il faut s'inquiéter du matériel, de l'emplacement dont on disposera pour classer et conserver les documents recueillis, c'est-à-dire de l'album à collection. On s'apercevra vite qu'un album de 700 à 800 cases représente déjà un fort volume ; un album de 1.000 cases est un meuble, — et enfin, les modèles les plus répandus n'ont guère plus de 200 à 300 cases.

Cet aperçu montre déjà qu'il faut savoir se modérer quand on collectionne. La modération est, du reste, une qualité excellente. Si vous admettez toutes les cartes sans distinction vous aurez bientôt toute une bibliothèque d'albums qui vous coûtera cher et qui sera très ennuyeuse, car vous devrez passer en revue une véritable armée de petites horreurs avant de pouvoir admirer vos plus beaux spécimens.

«Au total, il faut choisir, n'admettre que les cartes vraiment belles, vraiment dignes d'être conservées. »

La carte illustrée est instinctive ; elle résume les grands sentiments, les grands événements d'une manière plus ou moins heureuse, mais toujours en faits et gestes simples. Elle est un écho de nos passions, de nos joies, de nos peines, de nos préoccupations dans ce qu'elles ont de général. Les abstractions, les quintessences, les minuties ne sont pas son affaire. Elle veut, par exemple, raconter l'histoire de l'humanité : elle ne balance pas, elle raconte l'histoire de l'amour, l'action éternelle et génératrice ; si elle est tentée de se hausser jusqu'à l'histoire proprement dite, elle s'éprend du Sphynx de Vignola et Fragerolle ; mais c'est moins le défilé des peuples et des siècles qui l'intéresse que l'immuable et énigmatique figure de pierre qui sera encore là, droite sur les sables, à l'heure du cataclysme final, quand le monde croulera.

La carte postale est comme l'âme populaire, tendre et mystérieuse : « Amour et mystère », telle est sa devise ; de nombreuses séries en témoignent.

On sait que la série est la base de l'industrie de ces petites enluminures aujourd'hui si en vogue, leur grand moyen de multiplication et la cause de la fortune de leurs éditeurs.

Quand vous trouvez un spécimen d'une collection réussie, vous avez envie de la collection entière. Le petit doigt est pris dans l'engrenage, la main suit, puis le bras ; le corps y passe. Vous devenez, bon gré mal gré, amateur, collectionneur, c'en est fait ; l'armée des cartophiles compte un soldat de plus.

Ne vous laissez pas prendre aux séries sur l'amour ; elles sont innombrables mais peu appréciées, ainsi qu'il était dit tout à l'heure, des gens qui aiment et recherchent la carte postale pour son charme artistique ou son esprit. Certaines pourtant désarment les plus sévères. Nous donnons en partie une de ces séries dignes de trouver grâce.

L'illustration de ce numéro ne peut mieux commencer, semble-t-il, que par cette évocation de l'amour à travers les âges. Nous prenons ainsi les choses par le commencement, l'amour étant le commencement de toutes choses. Ici, on a sous les yeux une série essentiellement française; elle s'imposait, puisque, de l'aveu même des étrangers, « l'amour à la française est ce qu'il y a de meilleur au monde ». C'est Henri Heine qui l'a dit.

Nos devoirs rendus au « Dieu malin », élevons-nous par l'Amour jusqu'à la Beauté.

Voici des figures de Mucha. La carte postale s'est emparée des compositions les plus savoureuses du maître décorateur. Les détails d'ornementation dont son génie est prodigue et les lignes amples de son dessin ne perdent rien à être réduites, voire fragmentées. Les cartes d'après Mucha sont de pures merveilles. Les plus courues sont celles représentant l'être parfait qui atteint sur terre au divin par la puissance du coeur, la Femme-ange, la Mère, l'Epouse, la Fille, exprimée par Mucha dans toute sa grâce, sa perfection morale et sa pureté.

Le petit bout de carton souple devient, par le prix de l'oeuvre d'art qu'il reproduit, quelque chose de très grand, de très bon ; il a la force du bien, du beau, du vrai.

Illustrations de la page 28-29 Les rêves et réalités qui occupent le peuple. Le clou de l’exposition. Le musée de sire. Les six prétendants de la France. L’aurore du XXeme siècle. Jubilé de l’union postale universelle. Belfort. Le lion. Justice. ChamberlainQui s’y frotte s’y pique…


Illustrations de la page 30 : Le Musée des Souverains et La Prière de la Reine Marguerite.

Qu'il parte, qu'il aille de main en main, de pays en pays, il laisse derrière lui un sillon lumineux. D'autres images attirent, retiennent, amusent, passionnent ; celle-ci attendrit, émeut et rend meilleur.

L'amour est à peu près tout ce que la carte postale a voulu connaître du coeur humain. Les autres sentiments ne l'occupent que par les événements qu ils provoquent ; ils rentrent donc dans l'ordre des faits particuliers d'une actualité plus ou moins éphémère.

Dans l'ordre des généralités durables, après l'Amour et la Femme, la carte postale a vu la Nature et ses merveilles, puis, un degré plus bas, l'Homme, l'individu, l'être à deux pieds sans plumes qui vit en société sous le régime des lois.

On compte par milliers les coins de pays, les sites, les monuments et les types d'habitants que la carte postale répand à travers le monde, apprenant de la sorte aux peuples à se connaître mieux.

Ici encore « la belle France " triomphe et, par dessus la France, Paris. Quant aux types, les singuliers, les étranges, les excentriques sont seuls reproduits: On comprend qu'il n'est pas autrement palpitant de posséder en effigie un citoyen de Glascow, de Milan ou de Bordeaux ; c'est toujours le même bonhomme habillé à l'européenne et laid ou simplement banal. En revanche, les paysans aux costumes originaux, les exotiques, asiatiques, orientaux, nègres, etc., fournissent de précieux sujets. Ne doutez point du règne de la carte postale à image sur le monde entier. Si vous en voulez une preuve de plus, sachez que bien avant que nos confrères de la presse quotidienne aient entrepris d'établir le record du temps normalement nécessaire à parcourir la périphérie terrestre par les voies établies, elle s'était offert le luxe de faire le tour du monde pour rien, pour l'art, pour le plaisir, considérant ce voyage à l'égal l'une simple promenade sur son domaine. Il lui fallut 97 jours.

La première carte qui a accompli ce prodige est aujourd'hui l'objet de la vénération des cartophiles de tous les pays. Cette carte miraculeuse a été suivie de beaucoup d'autres. L'une des images de ce numéro montre un spécimen de carte du tour du monde encadrée d'échantillons d'une série de circonstance : La poste dans tous les pays.

Si vous ambitionnez de posséder un bout de carton retour des antipodes, ce n'est plus qu'un jeu. Renseignez-vous près des journaux spéciaux, vous apprendrez que les cartophiles du monde entier se donnent la main pour se faciliter la besogne. Sur les principaux points du globe vous êtes assuré de trouver un homme obligeant qui, à charge de revanche, recevra votre carte, affranchira comme il faut, ajoutera une nouvelle adresse et renverra sous d'autres cieux la carte circulaire qui, finalement, vous reviendra maculée et hiéroglyphique, mais glorieuse et sacrée, si vous avez la foi.

Après la géographie, l'histoire; l'iconographie postale est une bibliothèque complète ; rien n'y manque ; le difficile est de faire un choix. Tous les peuples s'en servent pour rappeler leurs fastes historiques et, en premier lieu, le peuple allemand y déploie une maestria patriotique à laquelle on peut reprocher seulement de se borner à exalter la gloire des armes germaniques dans les temps modernes. A croire ces petites images, on pourrait penser que l'Allemagne n'a que trente ans d'existence.

Ce grand pays a toutes les peines du monde à s'habituer à la fortune ; on dirait qu'il est pressé d'en jouir, de crainte de la perdre. Il fait un étalage inquiétant de ses exploits, de ses vitres, de ses conquêtes. Que d'images glorieuses ! Seigneur, que d'images ! Ah ! la guerre, la grande guerre, la plus grande guerre de l'humanité, celle de 1870-71 ! Et Bismarck, le grand homme, le plus grand des hommes passés, présents et à venir ! la carte postale allemande les exploite-t-elle assez !

En France nous n'abusons que de Napoléon. Jeanne d'Arc et la République ne sont pas oubliés, mais l'Empereur et l'Empire ..(ndlr papier original déchiré)..ement en faveur. Nous les traitons, il est vrai, sans ostentation de parvenus ; nous avons même une certaine difficulté à garder le respect nécessaire.


Illustrations de la page 31 : Guillaume II Roi de Prusse, Empereur d'Allemagne, détient, et de beaucoup, le record de lacarte postale illustrée.
Les cartes Impériales et royales reproduites ci-contre sont les plus répandues; mais il en existe au moins cinquante autres modèles.
Carte commémorative du voyage de Guillaume II en Turquie
Souvenir mortuaire du Roi Humbert.
Guillaume Il en costume de chasse.
Edouard VII. Roi d'Angleterre.

Nous préférons la légende à l'histoire, l'anecdote à la narration. L'Empereur et ses maréchaux, Austerlitz et Wagram sont des sujets en vogue, assurément, niais les vieux de la vieille, le Petit Caporal au bivouac, l'Aiglon, ont bien plus de succès.

Nous excellons à dévêtir sans façon nos idoles. Il existe une certaine série de cartes illustrées à laquelle M. Masson n'a pas collaboré, et c'est dommage, sur les Amours de Napoléon, qui, pour parler comme M. Courteline, n'est pas dans une musette.

Dominée par l'actualité, la carte postale raconte plus compendieusement l'histoire présente que l'histoire passée. On s'en aperçoit en examinant la double page de ce numéro. D'un côté, les faits qui ont récemment excité l'enthousiasme des peuples, de l'autre, ceux qui peuvent le plus leur donner à réfléchir ; entre les deux, quelques documents instructifs. Cette double page résume les rêves et les réalités qui occupent les nations civilisées, et les sujets qu'elle offre à nos méditations sont nombreux, divers et non sans contrastes éloquents.

A la page suivante, la galerie des souverains et des souveraines.

Avec les ténors illustres et deux ou trois grands hommes soigneux de leur réclame, les souverains sont les sujets de prédilection de la carte postale. Elle commémore leurs naissances, mariages et enterrements ; elle tient lieu pour eux de faire-part à l'usage des peuples. La série est immense ; il y a de tout, même des rois nègres. Le clou, — et quel clou formidable, — est Guillaume II, naturellement. C'est le roi des rois de la carte postale.


Illustrations de la page 32 : ACTUALITES DIVERSES : La guerre en Chine, Musée des patriotes, souvenir de fort Chabrol. L’acciedent de la gare montparnasse, Souvenir de la visite du Président de la république en Russie.,Tolstoï, Verdi, etc.
En bas de page :La Guerre du Transvaal:
Cartes postales anglaises célébrant l'héroïsme des généraux et des soldats anglais.
En opposition: La première carte allemande parue sur la guerre du Transvaal et nettement hostile aux Anglais.

En militaire, en marin, en bourgeois, en empereur, en chasseur, en chauffeur, à pied, à cheval, en voiture, en bateau, en automobile, de trois quarts, de profil ou de face — j'en passe, et des meilleurs ! — on peut avoir Guillaume II dans tous les tons et à tous les prix, seul ou par séries assorties, avec ou sans extraits de discours, avec ou sans escorte, avec ou sans allié, au gré de l'acheteur. Le choix est considérable et l'article de première marque.

Une simple observation : on voit une foule de cartes représentant l'empereur allemand avec le roi d'Italie, l'empereur d'Autriche, le Tzar, le roi d'Angleterre, le Sultan ; on n'en voit pas une le montrant en compagnie d'un souverain de la confédération germanique. Et une question se pose... que je laisse à d'autres le soin de poser.

Le magnifique succès de l'empereur Guillaume II dans les cartes postales illustrées a tourné la tête à quelques esprits d'élite et, pour n'en citer qu'un, au comte Tolstoï.

La Russie produit peu de cartes, mais la moitié de ce qu'elle fabrique sert à la gloire de l'illustre auteur de tant de livres qu'admirent des gens qui ne les ont point lus. Elles montrent le comte dans son isba (!) et ordinairement près de la comtesse, sa femme, qui prend un soin jaloux, comme on le sait, du lancement de ses ouvrages et s'occupe spécialement des rapports avec la presse et avec les photographes. Le comte Tolstoï, farouche révolutionnaire en théorie, n'a jamais vécu en paysan et n'a jamais ressemelé de bottes: c'est tout simplement un magnifique écrivain, gentilhomme fortuné, d'une inconcevable faiblesse devant l'interview et l'instantané. Le bruit commençait à en courir. Les dieux s'en vont ; Tolstoï se dédore ; la carte postale aura nui à ce grand homme.

Elle ne sert guère davantage les Anglais. Sapristi, quel massacre ! Pour peu que la guerre du Transvaal dure encore un an ou deux, l'Angleterre sera submergée sous un flot de dessins satiriques, coups d'épingle qui ne peuvent qu'envenimer les blessures reçues dans le Sud africain.

Mais arrivent-ils sous les yeux obstinément clos des Anglais, ces bouts de carton sévères? Non, certes. En Angleterre ne se débitent que les petites images du genre de celles reproduites en premier lieu, dans notre série sur le Transvaal. Ces images exaltent l'héroïsme britannique ; elles sont d'un orgueil naïf qui fait sourire. Le moindre Tommy est un foudre de guerre, le siège de Ladysmith est mis au-dessus de tous les grands sièges, et chaque général est l'égal d'Hercule et d'Alexandre.

Les cartes étrangères voient les choses sous un autre jour ; c'est grand dommage qu'elles ne soient pas répandues dans le Royaume-Uni. Elles suggéreraient à beaucoup de braves gens d'Angleterre de salutaires réflexions.

La carte postale illustrée excelle dans la caricature, dans la satire. On a pu s'en apercevoir en France au moment de la fameuse Affaire. Mais nous n'avons pas ici d'incursion à tenter sur le terrain politique ; les spécimens d'ordre satirique reproduits dans ce numéro sont avec intention choisis parmi les plus bénins. Plusieurs hommes du jour sont malmenés par l'imagerie postale, et il n'est pas jusqu'au chef de l'Etat qui ne puisse s'étonner de ne la voir pour lui que rigoureuse.

J'imagine que ceux qu'elle frappe ne doivent pas rester indifférents ; c'est une arme redoutable dans les mains des partis ; elle peut suffire à créer un courant d'opinions, et il est à croire que plus nous irons, plus elle servira dans le monde politique comme instrument d'attaque ou de défense.
 

Illustration de la page 33 : La guerre du Transvaal. Cartes d’Allemagne, de Hollande et de France

Laissons ces tristesses et finissons sur les amusantes fantaisies de la satire des moeurs, de la caricature des ridicules ; finissons par les échos de théâtres ; il n'y a plus là que de l'art et de l'esprit. La collection est innombrable et les chefs-d'oeuvre du genre sont français.

La Presse a exercé la verve de quelques spirituels dessinateurs : la série sur les journaux, dont un ou deux spécimens se trouvent ci-contre, est très demandée. Elle représente tous les grands quotidiens personnifiés par de charmantes petites femmes et, si cela peut être juste pour tel organe féminin où le charme est autant dire un devoir professionnel, c'est joliment hasardé pour de grands journaux, comme le Temps par exemple, naturellement austère.
Pour les théâtres, à la bonne heure. Ici, le jupon court et la jambe leste sont de saison ; mais seulement sur les cartes symboliques. Vous aurez la Comédie Française sous l'apparence d'une gracieuse Thalie, tout à fait engageante et vous n'aurez pas d'artistes en négligé galant, vous n'en aurez ni de la Comédie, ni d'autre part. C'est un signe des temps ; la vertu, la respectabilité vont croissant dans le monde des théâtres, je parle du vrai monde, du grand Inonde et non du demi-monde théâtral, celui qui n'aura jamais la croix et doit tout au plus se contenter des palmes académiques. Les cartes postales illustrées ne nous montrent guère nos artistes de choix que dans leurs loges, imposants et méditatifs, ou à la ville, impeccables, ces messieurs en parfaits gentlemen, ces dames en femmes de distinction.


La carte postale est très respectueuse de la gloire théâtrale ; c'est encore un signe des temps. Elle la respecte du moins dans ce qu'elle a de français et du reste elle est plutôt naturellement bienveillante pour tout ce qui est français — l'incident politique d'il y a deux ans mis à part.

S'il faut une conclusion à ce rapide exposé d'un sujet qui demanderait des volumes, nous dirons que de l'ensemble des séries et des collections de cartes que ce travail nous a donné l'occasion de voir, il ressort que les choses françaises sont celles qui semblent le plus intéresser les amateurs de tous les pays.

Il n'existe pas un album de jeune miss de Chicago ou de Philadelphie, qui ne contienne des vues de la Tour Eiffel, de la place de la Concorde, de Biarritz, de Nice, de la route de la Corniche, etc.

Illustrations de la page 34 Caricatures et Fantaisies, L'art musical
C'est un pêle-mêle où le désordre n'est pas précisément un effet de l'art, niais l'intention est bonne : la France est ainsi glorifiée. Il est fâcheux que, dans le choix des petites images qui en rappellent les beautés, les étrangers ne soient pas mieux inspirés. Notre pays a ceci d'admirable que ses merveilles cachées ou seulement peu connues sont peut-être les plus belles. La carte postale les ignore ; elle reste dans le rebattu ; on pourrait même dire dans le pompier. » Ne l'en blâmez pas. Elle peut répondre que le public le veut ainsi et puisqu'elle est et doit être essentiellement populaire, elle est bien obligée de se trouver en conformité de tendances et de goûts avec la masse. On ne réussit pas en donnant au public ce qu'on veut ; il faut lui donner ce qu'il veut.

Les sites et monuments français classiques, Napoléon et l'Empire tels que la légende les présente, les œuvres d'art du Salon telles que la foule les aime, les scènes de théâtre et les artistes parisiens populaires, sont donc les sujets les plus répandus. Réjouissons-nous sans faux dilettantisme. Par là s'affirme, d'une manière nouvelle, que nous restons le peuple intéressant et impulsif que les autres peuples observent, les uns avec bienveillance, les autres avec hostilité. Périlleuse destinée que la nôtre, mais destinée qui dure et dont la durée prouve que la mission civilisatrice de la France n'est pas achevée.

Henri de NOUSSANNE.

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Date et heure de création: 2009-01-13 (849 lectures)

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