Une contribition de Pierre

L'Exposition de cartes-postales illustrées.

Ouverture de l'Exposition.

La mode est aux collections. On collectionne de tout. Il n'y a aucne règle qui régit cette manie. Réunissez le plus grand nombre d'objets ayant un certain rapport entre eux; soyez ostensiblement jaloux des plus rares ou des plus précieux et quelque puisse bien être le "sujet" que vous aurez choisi, pour former votre collection toujours y aura-t-il un côté intéressant, peut-être même utile. Les collections font quelque peu partie de l'histoire.

Elle permettent de rétablir des traces perdues; de retrouver des sujets oubliés et de combler parfois des lacunes scientifiques.

C'est en étudiant des collections de vieux os, que Darwin découvrit sa merveilleuse théorie de l'évolution.

Mais nous voilà loin des cartes-postales !

M. Friederich a eu l'idée de demander aux principaux fabricants et éditeurs de cartes postales illustrées, de réunir leurs collections en un local, où elles seraient exposées et soumises à un concours.

Avant-hier cette exposition s'est ouverte. (NDLR 9 juillet 1899)

La carte postale illustrée, est d'invention relativement récente et elle a prix une extension si grande et fait fortune si rapidement, que son emploi est devenu courant.

Y a-t-il d'ailleurs quelque chose de plus charmant, en voyage que d'envoyer des vues de l'endroit où l'on est ?

C'est faire partager en quelque sorte, le plaisir dont on jouit, aux amis, aux parents auxquels on écrit.

L'exposition d'Ostende est bien comprise et est très nombreuse. Les plus fortes maisons du continent y ont pris part.

Emile Storch de Vienne offre quelques beaux spécimens de travail composite. La société artistique par actions Wilhem Hofman de Dresde est remarquable au point de vue du fini et des soins apportés à l'exécution des sujets les plus variés.

Citons encore les maisons Léon König de Czerpwitz (Autriche); et Kerber, de Salsbourg (Autriche), qui doit avoir été une des premières à créer les cartes postales tirées sur cuivre, travaille remarquable, ayant une valeur artistique indiscutable,  Klement, de Francfort s/Mein, a créé de son côté une nouveauté qu'il nous faut signaler ; ce sont des cartes postales un peu grandes, car elles ont environ 18 x 24, se composant d'un passe-partout formant cadre et d'un sujet quelconque. C'est un tableau que l'on expédiera pour deux sous par la poste. L'idée est très originale. Karl Zanger, de Fribourg, expose les originaux à côté des reproductions ; Andeltinger & Co de Munich, des scènes des campagnes alsaciennes; Bensider & Co de Cologne, des dessins à la plume, Martin Rommel & Co de Stuttgart, qui a remporté des prix dans toutes les expositions a des cartes ornées de fleurs photographiées, de gerbes de roses admirables, de toute la flore de la campagne. L'exécution de ce travail prime tout ce que nous avons déjà vu en ce genre. C'est de toute beauté.
Mentionnons également la maison Taupin, de Paris, pour ses marquis et marquises, sujets Louis XIV, etc.

Nous nous arrêtons un instant devant une carte postale, faite par Hugo Weiss de Vienne. Cette carte qui est du format ordinaire contient 5000 mots. L'original a été offert à l'Empereur François-Joseph Ier.
Parmi les maisons encore remarquées : Brunig de Honau (Allemagne); Feodor Reinboth de Leipzig, des cartes d'un genre nouveau, travail en relief remarquable; A. Guaneri, de Milan, sujets italiens; Theodor Hoffmann de Weimar;

A. H. John, de Francofrt s/Mein, dont l'original de plusieurs cartes postales a coûté jusqu'à 1500 francs; Gero, de Budaperst, cartes postales musique, romances, valses en vogue, dont les principaux passages sont reproduits,

Dietrich, de Bruxelles, très important comme variétés, à noter une collection de 15 cartes fac-simile des eaux fortes de Van Dyck et les signes du zodiaque, composition très originales, les symboles des fleurs, compositions tout-à-fait remarquables par leur tonalité et l'opposition des couleurs, une douzaine de sujects à la Delft par H. Cassiers etc. Paul Kohl de Chemnitz, qui a obtenu à l'exposition de Nice la médaille d'or, ainsi qu'à Utrecht, et à Regersburg; John Velten, de Karlsruhe, une variété énorme; Philipp & Cramer, de Vienne; Bayer, de Dresden, des héliogravures de toute beauté;
E. Nels, de Bruxelles, exposant les fameuses et populaires cartes congolaises, les portes-bonheur, les cartes vues stéréoscopiques, - et tant d'autres maisons moins importantes.

En somme l'exposition est remarquable et curieuse. Elle attirera la colonie étrangère par son originalité et sa grande variété. Nous lui prédisons un grand succès.

Extrait du carillon. Journal quotitien Ostende 11 juillet 1899, Quatrième année Numéro 84

Merci à Pierre Mille pour cette très intéressante contribution